Comment évolue la mortalité routière des séniors entre 2000 et 2023 ?

Mortalité des différentes classes de séniors

Le graphique ci-dessous montre les variations de la mortalité routière de trois classes de séniors : celle de l’ensemble des séniors, de 65 ans et plus, celle des « jeunes » séniors, de 65 à 74 ans, et enfin des séniors les plus âgés, de 75 ans et plus[1].

Plusieurs observations concernant le nombre de tués de ces trois classes d’âge en découlent.

– Une rupture très nette se produit après 2002, avec l’introduction des radars et du contrôle-sanction automatique des dépassements des vitesses autorisées.

Elle est beaucoup plus prononcée pour les [65-74] ans dont la mortalité continue à diminuer après 2004, au point d’être divisée par 2,5 en 2013.

– En 2020, la mortalité diminue du fait de l’épidémie de Covid, plus fortement pour les 75 ans et plus, et retrouve ensuite ses valeurs antérieures.

– Chaque année, le nombre de tués des 75 ans et plus est supérieur à celui des 65 à 74 ans. Jusqu’à 2 fois plus en 2010, mais le plus souvent autour de 50% en plus.

Pourcentage des séniors tués versus pourcentage des séniors dans la population

Calculons ici, pour chaque année :

• d’une part, le pourcentage de tués de chacune des trois classes de séniors – de 65 ans et plus, de 64 à 74 ans et de 75 ans et plus – dans l’ensemble des tués sur les routes,
• d’autre part, le pourcentage des séniors de plus de 65 ans dans l’ensemble de la population.

Le graphique ci-dessous représente les variations de ces pourcentages entre 2000 et 2024.

Plusieurs observations en découlent.

– Pour l’ensemble des séniors de 65 ans et plus

• Leur pourcentage de tués par rapport à l’ensemble des tués est représenté par la courbe en bleu ; il est systématiquement supérieur à leur pourcentage au sein de la population qui est représenté par la courbe tiretée en bleu.
• Ce pourcentage des tués ne fait qu’augmenter en passant pratiquement de 18% en 2000 à 28% en 2024, alors que leur impact dans la population ne varie qu’entre 16% et 21,5%. L’écart entre ces deux pourcentages triple, en passant de 2 à 6,3%, entre 2000 et 2024[2].

– Pour les deux classes de séniors : les 65 à 74 ans et les 75 ans et plus

Rappelons-nous que les populations de ces deux classes d’âge sont également nombreuses (voir la question « À quel âge devient-on sénior ? ») : leur pourcentage au sein de la population globale est pratiquement le même, égal à 10%, pendant toute la décade 2015-2024.

• Comme attendu, le pourcentage des séniors tués les plus âgés, ceux de 75 ans et plus, est plus élevé que celui des moins âgés, de 65 à 74 ans. En effet, la fragilité augmente avec les années. Quand on a 75 ans, la fragilité osseuse et celle de nos tissus entraînent des conséquences qui, pour un même accident, peuvent se révéler bien plus graves que pour un sujet plus jeune.
• L’effet radar et du contrôle-sanction automatique du dépassement des vitesses autorisées se fait clairement sentir sur les 65-74 ans, à partir de 2002 et jusqu’en 2010, alors qu’il est inexistant pour les 75 ans et plus. Si bien que, au total, cet effet radar ne se voit presque pas sur les 65 ans et plus.
• Le pourcentage des tués séniors de 65 à 74 ans – courbe en vert du graphique précédent – est autour de 10 % entre 2015 et 2024 ; il coïncide donc avec le pourcentage de ces séniors dans la population.

Par contre, pour la classe des 75 ans et plus, le pourcentage des tués, égal à 16,5% en 2024 (voir courbe en orange du graphique), dépasse nettement son pourcentage de 10% au sein de la population.

Conclusion

– Comme attendu, les séniors les plus âgés de 75 ans et plus sont, en proportion de leur présence dans la population, plus tués que les séniors les plus « jeunes », de 65 à 74 ans.

– Ce sont ces 75 ans et plus qui influent le plus sur les variations de la mortalité routière de l’ensemble des séniors de 65 ans et plus. Il suffit pour s’en persuader d’examiner les courbes bleues (65 ans et plus) et orange (75 ans et plus) dont les allures des variations sont très semblables, mais différentes de la forme de la courbe verte des 65 à 74 ans.

[1] Les données numériques sont issues des Bilans annuels de l’accidentaltié de l’ONISR, de 2011 à 2024, et du site du Cerema : https://dataviz.cerema.fr/securite-routiere-series/

[2] Toutefois, cet écart n’est pas une mesure du risque encouru par les séniors d’être tués, comme il est expliqué dans la question « Quel est le risque d’accident mortel pour les séniors ? ».