Analyse bilan sécurité routière – septembre 25

LIGUE CONTRE LA VIOLENCE ROUTIERE

Analyse de la mortalité routière de septembre 2025

Un été meurtrier !

Les derniers résultats de la mortalité sont catastrophiques, la situation s’aggrave, après avril +6%, mai +17%, juillet+23%, août +18% par rapport aux mêmes mois de l’année dernière, septembre c’est 9,4% de tués en plus. L’été 2025 a été très meurtrier sur les routes de France. la mortalité a fortement augmenté (+16,7%) entre le 1er juillet et le 30 septembre, par rapport à l’année dernière. Si la France avait respecté son engagement à réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves sur les routes en une décennie, depuis l’investiture du Président Macron, mai 2017, à ce jour, près de 5.000 vies auraient été sauvées et des blessures graves auraient été épargnées à plus de 24.000 personnes.

Nos décideurs n’ont pas conscience de cette tragédie vécue au quotidien. Ceci est un message adressé  tout particulièrement au Premier ministre à qui nous avons écrit ainsi qu’au ministre de l’intérieur Laurent Nunez qui a annoncé faire de la sécurité au quotidien sa première priorité. La protection de la vie sur la route doit impérativement en faire partie. Pour la sécurité au quotidien, le ministre de l’Intérieur a construit une feuille de route : elle doit commencer par … la route !

 

La souffrance des co-victimes des collisions mortelles et graves

Les drames de la route ne sont pas des « faits divers ». Ce sont de vrais faits de société, des vies lourdement impactées qui exigent que nous leur accordions notre attention et que les pouvoirs publics en fassent une très forte priorité. Selon la psychanalyste Cynthia Fleury, le traumatisme des proches des victimes des collisions est souvent sous-estimé. « L’ordinaire de la route vient masquer le fait que ce soit terriblement violent. C’est une réalité tellement quotidienne que ça paraît moins traumatique, entre guillemets, qu’un attentat… ça donne une illusion d’optique, avec en plus le phénomène d’absurdité totale,…. ça n’a tellement pas de sens ….les uns et les autres sont laissés face à eux-mêmes dans les grandes épreuves comme celles-là et généralement, on considère que la loi ou que les processus d’accompagnement sont trop inhumains, ils sont déshumanisants, ce qui est souvent vrai, hélas », poursuit-elle. Pour la psychanalyste, l’accompagnement permet « d’affronter la douleur sans se sentir abandonné, pour continuer à travailler, gagner sa vie, aider les enfants ».

 

Coût sociétal de l’insécurité routière 

La violence routière, c’est en réalité 550 victimes par jour, une toutes les trois minutes, et les jeunes sont les 1ères victimes évitables (500 tués par an dans la tranche 18‑24 ans).

Autant de vies qui basculent, brisées.

Plus froidement, nous devons évoquer le coût pour la société de ces accidents. Il doit inclure, non seulement les tués (3.500 par an) et les blessés graves (16.000 par an), mais aussi l’impact négatif et traumatisant sur leur famille et leurs proches. Nos experts s’accordent sur le fait que le nombre total réel de victimes doit être multiplié par dix par rapport aux statistiques officielles, ainsi ce ne sont pas moins de 200 000 victimes induites par an qu’il faudrait considérer. L’ensemble de ces données inquiétantes et glaçantes devrait permettre aux pouvoirs publics d’évaluer d’une façon indiscutable le coût sociétal de la violence routière ainsi que le coût induit par les co‑victimes et son impact direct sur notre déficit public en vue de sa réduction. Le 3 septembre 2025, sur cette base et :

  • considérant que le coût pour la société, pour l’État et la sécurité sociale, des accidents de la route est encore d’une telle ampleur qu’une action résolue pour réduire ces accidents aura un effet d’allègement de charges pour l’État,
  • considérant qu’une trajectoire de baisse très significative du nombre de victimes de la route d’ici 2029 pourrait accompagner utilement la trajectoire de baisse du déficit de l’État sous les 3 % en 2029,

Monsieur le Député Éric PAUGET recommande au Gouvernement sur la base d’une accidentalité routière précise, d’engager une étude chiffrée, approfondie et indiscutable sur le coût total des accidents de la route en France, en intégrant tous les aspects économiques, sociaux et sanitaires afférents.

 

Remarque : compte tenu de la crise politique du moment, il est probable que cette demande reste au fond d’un tiroir.

 

 

Téléphone au volant

Dans les années 1990, le téléphone portable se démocratise. De plus en plus de conducteurs en possèdent et s’en servent lorsqu’ils sont au volant. C’est en 2003 que la première mesure limitant l’utilisation du téléphone au volant voit le jour. Le texte de loi stipule que « l’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit ». Pour contourner cette mesure, de nombreux conducteurs utilisent les kits mains libres et des écouteurs ou des casques audios. À partir des années 2005, les constructeurs intègrent le téléphone mains-libres dans la voiture en passant par la technique « bluetooth ». Le son sort depuis les enceintes de l’autoradio tandis que la voix du conducteur est captée par un micro situé dans l’habitacle. En 2015 la réglementation interdit le port à l’oreille par le conducteur des écouteurs. Ainsi le téléphone tenu en main, le kit mains libres et l’oreillette étant interdits, le téléphone bluetooth reste la seule pratique qui n’est pas explicitement illégale. La plupart des véhicules disposent maintenant de la technologie bluetooth. Concrètement, cela signifie qu’il est possible de passer ou de  recevoir des appels avec son téléphone portable tout en conduisant.

 

Le préfet des Landes prêt à suspendre le permis en cas de téléphone au volant

Confronté à la hausse des accidents et infractions dans son département, le préfet des Landes, en s’appuyant sur l’article L224-7 du Code de la route, lance une expérimentation inédite en France : à partir du mois de novembre 2025 et après une phase pédagogique d’un mois, le simple fait pour un conducteur de manipuler son téléphone au volant pourrait entraîner la suspension immédiate de son permis de conduire.

 

Une forte mortalité annoncée en 2007

Le Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) a pris connaissance, dans sa séance du 3 avril 2007, d’une étude de l’Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR) au sujet du téléphone portable au volant. Cette étude exploite les résultats d’une recherche australienne, qui a montré un risque d’accident multiplié par environ 4 lorsque l’on téléphone au volant, même en utilisant un kit mains-libres. Pour rappel, le risque d’accident mortel lié à une consommation d’alcool de 0,5g/l, est multiplié par 2,7. Ainsi en 2007, l’ONISR évalue à environ 7% à 8% l’enjeu de l’utilisation du téléphone au volant sur le nombre total des accidents de la route en France, cet enjeu se répartit de façon équilibrée entre le téléphone tenu en main et le kit mains-libres. En 2007, l’ONISR estimait que la mort sur la route de 350 à 400 personnes est liée à l’usage d’un téléphone portable par le conducteur d’un véhicule en circulation.

Aujourd’hui, les conducteurs sont 80 % à utiliser leur smartphone au volant. Les principales utilisations sont les appels (46%), le paramétrage GPS (41%) ; et plus grave l’envoi et la lecture de SMS (31%) qui multiplient par 23 le risque d’accident. En 2023, l’inattention du conducteur, souvent liée à l’utilisation du téléphone, a entraîné la mort de 390 personnes en France. C’est plus d’une personne tuée par jour à laquelle il faut ajouter 5 blessés graves donc c’est au moins 50 personnes co-victimes dont les vies sont brisées chaque jour à cause du téléphone au volant…allo! Vous réalisez ? Le téléphone au volant est devenu une addiction et ça implique une sorte de crise de l’attention au volant.

 

Bloquer le téléphone dans le véhicule en circulation

Pour aider les conducteurs à résister à la tentation de téléphoner, il existe des dispositifs pour bloquer le téléphone d’un conducteur lorsqu’il conduit.

La Sécurité routière vient de faire évoluer l’application gratuite « Mode Conduite », créée en 2014. Elle bloque, pendant la durée du trajet en voiture ou à moto, les appels entrants, les notifications des SMS et envoie automatiquement un message d’indisponibilité à l’émetteur pour l’informer que la personne est au volant. Une fois arrivé à destination, l’utilisateur reçoit les notifications d’appels et de SMS. Mais pour bénéficier de cette application le conducteur doit l’activer. Nous regrettons que cette application puisse être désactivée.[1]

Le 18 juin 2025, « radiofrance » annonce une nouvelle technologie qui verrouille automatiquement le téléphone et qui ne peut pas être désactivé[2]. Pour que les voitures soient équipées de cette technologie, il faudra que cela devienne obligatoire, donc passer par un changement de réglementation.

En conclusion, d’une part la Sécurité routière reconnaît la dangerosité de la pratique du téléphone au volant et d’autre part n’impose pas un blocage automatique du téléphone dans un véhicule en circulation!

Pourquoi cette contradiction ?

Ainsi s’en va la vie !

[1] https://www.youtube.com/watch?v=JanT8bexucc&t=30s

[2] https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/aujourd-hui-c-est-demain/un-nouveau-mode-pour-bloquer-le-telephone-d-un-conducteur-lorsqu-il-conduit-7387050

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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