Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
En juillet 2021, il n’y a plus de restrictions concernant les déplacements, ainsi l’accidentalité qui reflète la reprise de la circulation est du même ordre que celle des mois de juillet avant la pandémie.
Par crainte de mécontentement, il n’y a aucune mesure sérieuse à attendre de la part de nos dirigeants actuels du moment pour réduire le risque routier en cette période préélectorale (élections présidentielle et législatives). Pour être à la hauteur, nos gouvernants devront renoncer à cette démagogie et faire preuve de courage politique, ce que fit le Président Jacques Chirac (mandat 2002-2007) : fin des amnisties présidentielles, fin des indulgences vis-à-vis des PV, mise en œuvre des radars, etc.
Le fait du prince
L’amnistie
Il fut un temps où le président de la République nouvellement élu, accordait systématiquement l’amnistie pour des infractions au code de la route. En 1995, le Conseil d’Orientation de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière avait constaté que cette tradition, étant perçue comme une assurance de l’impunité, avait pour effet d’accroître la mortalité. Il en informa le Parlement et conclut ainsi sa recommandation : « Nous avons pour mission et pour devoir de donner notre avis sur le drame humain que constitue l’augmentation récente de la mortalité sur les routes de notre pays. Le conseil scientifique de l’observatoire de sécurité routière ne peut engager par un silence coupable sa responsabilité dans la surmortalité provoquée par les effets pervers d’une amnistie annoncée. L’élection présidentielle est un acte important de notre démocratie, il ne doit pas être à l’origine de plusieurs centaines de morts évitables ».
Depuis, il n’y a plus d’amnistie des « PV ».
Les avertisseurs de radars
En 2011, la France tente d’interdire les avertisseurs de radars. Mais devant la fronde menée par les fabricants de ces appareils (Tom Tom, Coyote et consorts), l’affaire se solde par un changement de nom. Au final, l’élection présidentielle se profilant à l’horizon, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, et ces fabricants s’entendent comme larrons en foire pour décider de ne plus parler d’avertisseurs de radars, mais «d’assistants d’aide à la conduite».
Le 80 km/h
En 2013, les experts du Conseil National de Sécurité Routière proposent l’abaissement de la vitesse maximale autorisée sur le réseau bidirectionnel (sans séparateur médian) à 80 km/h au lieu de 90 km/h. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, décide de ne rien décider, si ce n’est une expérimentation sur 86 km de routes de juin 2015 à mai 2017. Il joue la montre jusqu’à l’élection présidentielle. Les résultats de cette expérience montrent une baisse de la vitesse moyenne des voitures de 6% et 3,4% des poids-lourds.
Juillet 2018, le nouveau Premier ministre, Edouard Philippe, met en place le 80 km/h.
Le 15 janvier 2019 à Grand-Bourgtheroulde, pour des raisons électoralistes, le président de la République a délégitimé la mesure.
Selon Laurent Wauquiez, Emmanuel Macron lui aurait dit le jeudi 24 janvier 2019 dans la Drôme: « Les 80 km/h, je n’y suis pour rien, c’est mon Premier ministre. C’est une connerie » (France-Soir le 27/01/2019).
Questionné sur la taxe carbone et les 80 kilomètres/heure impulsés par le gouvernement Philippe, le Premier ministre, Jean Castex, a eu ces mots : « Une connerie sans nom ! » (Gala avec Le Point le 02/08/2020).
Malgré la destruction massive des radars et la réprobation du Président, sur les 20 mois consécutifs à la mise en œuvre de la mesure, 349 vies ont été épargnées par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Au mépris de ces résultats, près de la moitié des présidents des départements « s’enorgueillissent » de restaurer les 90 km/h en particulier sur les routes les plus circulées, et qui sont hélas les plus accidentogènes!
La circulation inter-files (CIF)
Depuis des lustres, les « motards » réclament la légalisation de leur circulation entre les files de voitures. En 2016 une expérimentation a été décidée dans 11 départements et a duré jusqu’en janvier 2021. Elle a été suivie par le CEREMA qui a constaté que l’accidentalité des deux-roues motorisés a augmenté de 12% sur les routes où la CIF avait été autorisée, alors qu’elle avait baissé de 10% sur les autres routes des départements concernés. Autrement dit, la CIF c’est une augmentation moyenne de 22 % des accidents.
En dépit de ces résultats alarmants qui permettent de statuer rapidement sur cette expérimentation, une deuxième a été lancée le 2 août 2021, pour 3 ans et sur 21 départements. Là encore, pour des raisons d’acceptabilité sociale, au travers de cette injustifiable pseudo-expérience, des vies seront sacrifiées pour démontrer ce que l’on sait déjà : la CIF, ce sont des morts évitables en plus !
Le contrôle technique des 2 roues motorisés
Le contrôle technique des 2 roues motorisés est un sujet qui revient depuis longtemps sur le tapis. L’Union Européenne l’exige depuis 2014. Le décret n° 2021-1062 du 9 août 2021 impose ce contrôle à partir de 2023. Les associations telles que la Fédération des motards en colère (FFMC) y sont particulièrement opposées. « Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n’était pas le moment d’embêter les Français, a expliqué un conseiller de l’exécutif à l’AFP. Avec la crise sanitaire, le passe, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien.»
À 8 mois de l’élection présidentielle, face à ce risque de contestation, le Président recule !
L’accidentalité des « motards »
– C’est, à distance parcourue équivalente, un risque d’être tué 22 fois plus important qu’au volant d’une voiture.
– C’est 1,6 % du trafic motorisé, mais 19 % de la mortalité routière.
– C’est entre 2010 et 2019, une mortalité en baisse de 13 %, celle de l’ensemble des usagers est en baisse de
19 %.
– C’est 73 % des « motards » présumés responsables des accidents mortels dans lesquels ils sont impliqués.
– C’est 39 % des « motards » tués sans implication d’un tiers.
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