État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
224 tués sur nos routes le mois dernier dans l’indifférence des médias
Cela n’émeut personne, ce n’est pas vendeur, et pourtant c’est un Airbus A321 XLR qui s’écrase. La France a d’autres préoccupations : après les gilets jaunes, les retraites,…dernièrement les agriculteurs. Madame Florence Guillaume, Déléguée interministérielle à la sécurité routière, a pris son poste en septembre 2022. La mortalité a diminué de 6% pendant sa première année. Mais depuis septembre 2023, comme le montre la courbe, la mortalité augmente de 7,8% par an. Cela fait désormais 6 mois que le nombre de tués et blessés graves augmente continument, mais qui, à part la Ligue s’en indigne et propose des solutions ? La méconnaissance des raisons de cette embellie suivie de cette détérioration ne permet pas la mise en œuvre des moyens nécessaires pour améliorer la situation. Le communiqué de presse « lunaire » de la déléguée est conforme à la doctrine du moment « ne pas embêter les français » : « Avec l’arrivée du printemps, les vélos et les deux-roues motorisés seront plus nombreux sur nos routes. Je recommande vivement à tous ces nouveaux usagers de préparer cette reprise de guidon, de vérifier l’état de son deux-roues motorisés, de s’équiper afin de se rendre visible. Je remercie les usagers carrossés d’être particulièrement attentifs aux plus vulnérables, notamment aux piétons qui figurent au 2e rang des catégories d’usagers par mode de déplacement tués sur nos routes en février ». Malgré ces 224 tués, on ne perçoit toujours pas la forte volonté politique nécessaire pour atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de décès et de blessés graves sur les routes à l’horizon 2030, et atteindre l’objectif ultime « zéro décès et blessé grave sur les routes d’ici à 2050 » que la France s’est engagée à réaliser. On constate au contraire 10 ans de stagnation de la mortalité !
Nous rappelons que la réalisation de cet objectif impose que s’instaure partout une approche globale de la lutte pour réduire les risques routiers, avec des équipements de protection mieux utilisés, des comportements plus adaptés, des soins aux accidentés plus performants, des véhicules et des infrastructures plus sûrs.
Des infrastructures plus sûres
L’analyse d’un accident renvoie à des facteurs en interaction qui concernent à la fois le conducteur, sa conduite, son véhicule mais aussi l’infrastructure. Chacun des facteurs est nécessaire à la survenue de cet accident. Il suffit qu’un d’entre eux ne se produise pas pour que cet accident n’ait pas lieu. Cette approche de sécurité routière « vision Zéro » repose sur le principe que chaque accident est évitable, ce qui implique que tous les acteurs, de la conception à l’utilisation du système « circulation routière », doivent partager la responsabilité de cette sécurité. La responsabilité n’est donc plus individuelle, mais collective, comme le proclame le slogan de la Sécurité routière « Tous responsables». Pour leur part, les gestionnaires des réseaux routiers (État, départements, métropoles, communes) doivent couvrir l’ensemble des tâches pour maintenir la qualité des routes et de leurs dépendances et équipements afin d’assurer des conditions optimales de sécurité aux usagers. Pour cette raison, ils ont l’obligation de répondre de leurs actes du fait des charges qu’ils doivent assumer et en supporter toutes les conséquences. Des études « Service d’enquête danois sur les accidents de la route (2014) » Elvik et « FLAM de 2021 (facteurs liés aux accidents mortels) CEREMA montrent que les infrastructures routières et l’environnement des routes sont un élément contribuant à la survenue de l’accident dans 30 % des cas. Sans ces facteurs, lisibilité, visibilité, obstacle, cohérence avec l’environnement, gestion des flux, etc., tous à la charge des gestionnaires des réseaux routiers, des centaines d’accidents mortels auraient probablement été évités chaque année.
L’insécurité routière, une dépense colossale en plus des vies perdues et des souffrances
En 2022, l’Université Gustave Eiffel a estimé que l’insécurité routière a coûté 76,6 milliards d’euros.
Pendant la décennie 2002-2012, la mortalité routière a baissé de 7,5% par an.
Pendant la décennie 2012-2022, la mortalité routière a baissé de 1,5% par an.
Durant la présidence de Monsieur Macron, la mortalité n’a baissé que de 1,3% par an, très en deçà de l’objectif fixé par l’Europe en 2010 qui implique une baisse annuelle de 6,7%. Ce peu de résultats pendant 7 années (2017-2023), en plus des 2 800 vies non sauvées et des 14 000 blessés graves qui auraient pu être évités, aura coûté à la France 30 milliards d’euros (estimation à partir des valeurs tutélaires définies en 2021 par l’Université Eiffel).
Selon la Cour des comptes, « d’ici à 2027, l’ensemble des tailles dans les dépenses devra atteindre 50 milliards si le gouvernement veut tenir sa promesse de passer le déficit sous la barre des 3 % en 3 ans ». Pour résoudre ces difficultés, le gouvernement a prévu des coupes dans la transition écologique, l’aide public au développement, les contrats d’apprentissage et la formation pour les sans-emploi, la masse salariale de l’État, etc. Le coût à la sécurité sociale des affections de longue durée est à l’étude. Mais rien n’est prévu contre l’insécurité routière qui coûte beaucoup aux Français, autant que le budget de l’éducation nationale ! L’absolution des petits excès de vitesse, le renoncement aux 80 km/h et aux 110 km/h, la lenteur à la mise en place d’un contrôle technique des deux-roues… : le gouvernement rechigne à prendre des mesures pour lutter contre les accidents de la route.
La démagogie se traduit en nombre de morts, plus de 3 000 chaque année. La vie est la valeur suprême de la société démocratique, et ne peut pas être une monnaie d’échange à la table du débat social et encore moins un facteur d’instrumentalisation politique de la sécurité routière tentant de justifier l’inaction qui malheureusement tue et blesse gravement.
Nous demandons que les pouvoirs publics intègrent cette réserve potentielle d’économie dans leurs réflexions et publient le résultat car au-delà de tous responsables, l’important c’est l’action, donc le « tous acteurs ». Et sur la route, c’est possible tout de suite avec zéro euro !
État des lieux
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !