Chantal Perrichon : « Les candidats à la présidentielle manquent de courage en matière de sécurité routière »

Editorial

BFM/TV 12/04/2017
Réduction de la vitesse à 80 km/h sur les nationales, hausse du nombre de radars mobiles… La présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, a interrogé les candidats à la présidentielle sur les mesures concrètes qu’ils prendraient en matière de sécurité routière une fois à l’Elysée. Sur RMC.fr, elle avoue sa
déception devant « le manque de courage » des candidats.

Chantal Perrichon est la présidente de la Ligue contre la violence routière.
« Déjà, nous avons été surpris par la lenteur à laquelle les candidats ont répondu à notre questionnaire. Il a fallu insister pour obtenir leurs réponses. Nous sentions de leur part une réticence à répondre, notamment parce que notre questionnaire était extrêmement fermé pour éviter la langue de bois. Nous voulions des réponses qui
engageaient les candidats sur des questions précises: abaisserez-vous de 90 à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur les (nationales) sans séparations des sens de circulation ; augmenterez-vous le nombre et l’usage des radars mobiles ; assurerez-vous la qualité du dispositif de retrait de points…?
Nous sommes très déçus par les réponses, alors que nous sortons d’un quinquennat funeste avec trois années consécutives de remontées de l’accidentalité. Du jamais-vu depuis 1972, en raison du manque de courage politique du précédent gouvernement.
« Seuls Hamon et Mélenchon s’engage à baisser la limitation de vitesse »
Ainsi, sur la question de la limitation de 90 à 80 km/h, seuls Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon se sont engagés à l’appliquer. Les autres préfèrent ne contrarier personne. Il y a un manque de courage des candidats et je suis pessimiste pour le prochain quinquennat.
Il y a des réponses qui nous ont déçu. Par exemple, M. Macron refuse la réduction de la vitesse de 90 à 80 km/h, en nous expliquant qu’il veut privilégier l’éducation et la prévention sur la question de la vitesse au volant. Mais on a besoin de sanctions: s’il arrêtait les contrôles pour le paiement des impôts, on imagine bien ce que cela donnerait.
« Pour Marine Le Pen, les automobilistes sont des vaches à lait »
Vous avez encore une candidate, Marine Le Pen, qui parle de la vitesse en Allemagne qui est plus grande avec, assure-t-elle, une mortalité moindre. C’est une contre vérité ! Elle écrit que les automobilistes sont rackettés et sont des vaches à lait – ce sont ses propos –, mais il faut lui rappeler que l’argent récupéré par les radars avoisine les 700 millions d’euros quand le coût de la sécurité routière s’élève à 50 milliards d’euros. Il faut avoir une idée des chiffres avant de proférer des contre-vérités qui vont dans le sens du populisme.
Quand on voit M. Fillon qui dit qu’il souhaite des contrôles de vitesses et d’alcoolémie plus efficaces, c’est bien, mais ce sont des vœux pieux puisque le risque d’être contrôlé pour l’alcoolémie est 1.000 fois moins important que pour la vitesse. Et 50% des infractions à l’alcool n’aboutissent pas à des retraits de points à cause de dysfonctionnements.
« Avoir la larme à l’œil c’est facile, mais nous voulons des décideurs »
Le seul qui ose s’engager sur des mesures clivantes, c’est Jean-Luc Mélenchon. Tant mieux, enfin quelqu’un qui ose ! Les politiques nous montrent de l’empathie lorsqu’il y a un accident grave, mais nous ne voulons pas de discours. Avoir la larme à l’œil c’est facile, mais nous voulons des décideurs. La première cause de mortalité de notre jeunesse, c’est la route. La première cause de mort au travail, c’est la route. Est-ce que ceux qui veulent accéder aux plus hautes fonctions de la république vont prendre les bonnes décisions? Nous remettons nos vies entre leurs mains. »

Article sur les réponses des candidats

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