État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Clap de fin le 3 août, veille de l’audience à la Cour d’Appel de Riom qui faisait suite à l’appel de D. Bussereau, après le jugement de relaxe prononcé par le tribunal correctionnel de Clermont Ferrand le 20 mai 2021. Remarquons que, prudemment, ni l’Assemblée des Départements de France, ni N. Lacroix(1), ni P. Coste(2), ni J.-M. Bernard(3) n’avaient relevé appel de cette décision…
Nous apprenons alors par Me Julien, avocat substituant Me Portejoie, conseil de D. Bussereau, que ce dernier, tant en son nom personnel qu’ès qualité de Président de conseil départemental de Charente-Maritime, et de Président de l’Assemblée Nationale des Départements de France, s’est désisté !
Nous regrettons que cet appel ait été escamoté au dernier moment, car les « conclusions d’intimé(4) » de notre avocat, Maître F. Honnorat méritaient d’être portées à la connaissance de tous. Elles étayaient « la parfaite légitimité des propos poursuivis »… « propos exempts de toute grossièreté qui ne tendaient pas à atteindre Monsieur Dominique Bussereau ou les présidents des conseils départementaux dans leur dignité ou leur réputation, mais se limitaient à exprimer une libre opinion et à alerter sur les risques que représentaient en termes de mortalité routière une gestion départementale et donc morcelée de la VMA sur le réseau bidirectionnel hors agglomération à un échelon départemental, n’a évidemment pas excédé les limites de la liberté d’expression et d’opinion dans un débat démocratique ».
Nous ne pouvons que déplorer le temps perdu et le gâchis financier que ces poursuites juridiques ont engendrés pour les parties prenantes et les contribuables. Les propos qui avaient déclenché le courroux de D. Bussereau et qu’il avait jugés inacceptables : « Nous allons payer le prix du sang la pseudo responsabilité des élus qui préfèrent leur mandat à la sécurité des citoyens », avaient pourtant été prononcés par des politiques, des élus, des personnalités engagées dans le combat contre l’insécurité routière, des journalistes, etc., sans encourir l’ire de l’ancien secrétaire d’État aux Transports. Seule, j’ai été assignée en justice. C’est reconnaître que notre parole porte haut et fort dans un domaine qui ne saurait admettre des discours timorés. Tous les morts et les blessés graves de la route méritent mieux qu’un cortège de poltrons larmoyants sur la fatalité des accidents.
Nous n’avons pas eu l’honneur de croiser M. Bussereau durant cette procédure. Absent il fut à la fois à l’instruction, au tribunal de Clermont-Ferrand et bien évidemment à la Cour d’Appel de Riom. Nous aurions apprécié d’entendre ses arguments tant sur le retour à 90 km/h des routes qui totalisent le plus d’accidents dans notre pays que sur la défense des élus prompts à déclarer qu’il leur revenait à eux seuls de décider des limitations de vitesse dans leurs départements.
Très humblement, nos témoins venant de Roubaix, Metz, Cahors, Saint-Nom-la-Bretêche, ont accepté de faire le déplacement à Clermont-Ferrand pour justifier les propos incriminés. Vous retrouverez dans ce numéro de Pondération leurs dépositions auxquelles nous avons joint les témoignages écrits de ceux qui n’avaient pu se déplacer.
Et maintenant devons-nous rejoindre le club de la bien-pensance ambiante ?
Nous taire ?
Commenter benoîtement les choix ou plutôt les non-choix des « décideurs » de la sécurité routière ?
Cautionner la circulation interfiles, le refus du contrôle technique des deux roues ?
Approuver l’absence de publications mensuelles de l’ONISR sur les effets du retour à 90 km/h de plus d’un tiers des départements métropolitains ?
Nous sommes confrontés aujourd’hui à une politique indigente qui nous fait régresser de plusieurs dizaines d’années et nous replace au niveau zéro de la prévention.
Je dédie ce numéro de Pondération à un petit garçon de 5 ans, tué alors qu’il traversait avec son père un passage piéton à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, ce 22 septembre. Le responsable de sa mort avait décidé de doubler par la droite une autre voiture qui était à l’arrêt, de griller le feu rouge, et a projeté l’enfant à plus de 15 mètres. Pour ajouter à l’horreur, le conducteur et son passager ne se sont même pas arrêtés. Un délit de fuite comme tant d’autres, actuellement de plus en plus fréquents. Un constat s’impose : responsabiliser les enfants et les usagers vulnérables à grand renfort de messages concoctés par des agences de communications budgétivores ne saurait prémunir contre ce type de comportement.
À ce propos, trois journalistes de Libération(5) ont analysé les tweets et messages diffusés par la Délégation à la Sécurité Routière durant un an. Vous découvrirez la confirmation de ce que nous déplorons dans leur article que nous publions dans ce numéro avec leur aimable autorisation.
Première cause de mort de la jeunesse dans notre pays, nous aimerions que l’insécurité routière soit enfin traitée sérieusement durant cette campagne présidentielle.
(1) PCD de la Haute-Marne.
(2) PCD de la Corrèze.
(3) PCD des Hautes-Alpes.
(4) Défense en appel de 21 pages.
(5) Libération 7 septembre 2021, S. de Rivet, J. Guillot et A. Clair : « Sur les réseaux sociaux, la sécurité routière blâme les victimes ».
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