État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Le collectif est la base même, le fondement de notre association. Il est notre force depuis 1983 et nous lui devons de grandes avancées pour la sécurité routière. Chacun apprend de l’autre, se nourrit de tous et progresse au fil des années. Exceptionnellement, je dérogerai à cette règle puisqu’au bout de vingt années de présidence, je souhaite passer le relais et utiliserai le JE pour évoquer le passé et parler du futur.
Une nouvelle équipe se met en place depuis quelques mois et son dynamisme sera indispensable au vu des enjeux futurs. Sans préjuger de l’avenir, avec les positions psychorigides du gouvernement, figé depuis 5 ans dans un « non » systématique devant tout changement risquant « d’em… les Français », je pense que sans l’urgence climatique, nous serons systématiquement bloqués. C’est vouloir oublier que les familles des Français tués sur la route demandent dignement qu’une véritable politique de sécurité routière soit mise en place dans notre pays.
Ainsi, Jean Jouzel ne fait pas partie des visiteurs du soir, n’a pas son rond de serviette à l’Élysée, ne doit sa renommée internationale qu’à ses connaissances scientifiques, et de ce fait se trouve disqualifié d’entrée de jeu, comme l’ont été les représentants de la Convention citoyenne pour le climat qui ont naïvement cru que leur formation intensive et leur assiduité balayeraient tous les atermoiements des politiques. Las, les autoroutiers les avaient précédés depuis si longtemps que « l’intelligence », valeur si souvent rappelée par le chef de l’État, n’a plus cours quand on envisage de passer de 130 à 110 km/h !
Un témoignage confirme ces affirmations. Dans les « comptes rendus de la CE concessions autoroutières », du 9 juillet 2020, Ségolène Royal est auditionnée au Sénat comme ancienne ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie (2014-2016) : en 2015, lors « de la première réunion qui a lieu dans les bureaux du Premier ministre, nous voyons arriver tous les patrons des sociétés d’autoroutes.
Face à eux se trouvent les ministres et leurs directeurs de cabinet. Il n’y a ni la Cour des comptes, ni nos conseillers ni les parlementaires, alors que les sociétés d’autoroutes viennent avec leurs avocats et leurs lobbyistes. Devinez qui a pris la parole au nom des sociétés d’autoroutes ? C’était Alain Minc. Alors que je m’étonne de sa présence, il me répond que c’est lui qui les représente. Il conduit alors la discussion, en employant toutes les techniques du business, alors tel que n’était pas l’esprit des représentants de l’État. » Plus stupéfiant, quand les autoroutiers disent regretter la privatisation : « Finalement, cela nous
a coûté beaucoup plus cher que cela ne nous a rapporté. » Comment résister à cet appel implorant ? À vot’ bon cœur m’sieurs dames ! Nous serons ruinés si la vitesse maximale baisse, car les conducteurs préfèreront les nationales et les départementales ! Pourtant, en 2011, les Espagnols n’ont pas craint de baisser la vitesse maximale de leurs autoroutes à 110 km/h. Durant ces quelques mois d’expérimentation, 33 % de tués en moins. Sans commentaire.
Dans ce combat si âpre, dévorant et chronophage que nous menons bénévolement, nous avons l’opportunité de croiser des personnalités attachantes, performantes dans tous les milieux : fonctionnaires des ministères qui étouffent devant l’inertie de leur administration et veulent nous aider, conseillers techniques et politiques des ministres qui connaissent notre rôle facilitateur pour mettre en connexion le savoir et les décideurs, juristes, magistrats, policiers et gendarmes (jusqu’aux plus hauts échelons de la hiérarchie, car ils nous suivent depuis des années et savent que nous ne nous payons pas de mots), chercheurs.
Tous, depuis des décennies nous apportent leur expertise et comptent sur nous pour faire progresser la situation. Ils nous différencient de ceux qui inondent de mails en appelant aux dons, se faufilent dans toutes les instances pour bénéficier d’un prestige éphémère à force de flagornerie. Ils ne sont pas dupes de ce jeu malsain qui laisse croire que seule la cause est noble alors que l’appât du gain n’est pas loin.
D’où notre intransigeance sur le bénévolat et le JE au service du NOUS. Bientôt présidente d’Honneur, mais présidente de cœur toujours !
Parmi des rencontres inoubliables au cours de ces vingt années de présidence, l’une d’elles m’a profondément marquée, Simone Veil. Alors qu’elle se dirigeait vers la sortie, dans la cour de l’Élysée, le 14 juillet 2007, j’ai éprouvé le vif désir de l’aborder pour lui témoigner mon admiration. Quand je me suis présentée, après quelques minutes d’entretien, elle m’a embrassée pour le combat que je menais au nom de la Ligue. Une telle reconnaissance pour ce que nous menons depuis si longtemps était totalement inespérée de la part de cette femme aux vertus inflexibles, si combative, et scellait le bien-fondé de nos engagements
si souvent dénigrés.
Dans la revue de presse que nous envoie chaque semaine Josiane Confais depuis juin 2001 pour nous éclairer dans nos réflexions, nous observons une augmentation alarmante des circonstances aggravantes, presque banalisées dans les rapports d’audience. Il est urgent et légitime de poser la question d’une infraction spécifique pour l’homicide routier.
Je dédie ce numéro de Pondération à ce bébé de cinq mois, tué en juin près de Cholet par un individu qui conduisait sous l’emprise du cannabis et laissé en liberté par le juge d’instruction puisque son avocate assure qu’il est « traumatisé et loin de reconduire »
État des lieux
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !