Quelle est la part des séniors tués en véhicule de tourisme ?

Dans le classement de la mortalité des séniors selon leur mode de déplacement, les séniors usagers de véhicules de tourisme (VT) arrivent en première position par le nombre de tués.

I – Les nombres

Au cours de la décade 2014-2023, le nombre d’usagers de VT tués dans les différentes classes d’âge fluctue jusqu’à plus de 10% autour de la valeur moyenne, sans qu’une tendance s’en dégage. Ceci admis, cette valeur moyenne s’établit à :

– 1600 tous âges confondus,

– 423 pour les séniors de 65 ans et plus, dont le graphe suivant donne la répartition,

– 1177 pour les moins de 65 ans, à titre de comparaison.

Comme attendu, le nombre moyen de séniors d’une classe d’âge donnée, tués en VT, diminue systématiquement quand l’âge de la classe augmente. En effet, les usagers séniors des VT sont de moins en moins nombreux, l’âge augmentant.

Conclusion : entre 2014 et 2023, grosso modo, en moyenne sur la dernière décade, un peu plus d’un quart (27% exactement) des tués en VT sont des séniors de 65 ans et plus, alors que ces derniers ne comptent que pour 20% de la population.

II – La responsabilité

Nous reprenons, dans le cas particulier qui nous intéresse ici, celui des conducteurs de VT, ce que nous avons exposé de façon générale dans la question sur la part des conducteurs présumés responsables d’accidents mortels.

Le tableau[1] ci-dessous, valable pour l’année 2023, donne, pour chacune des classes d’âge au-delà de 18 ans, la part des conducteurs de VT présumés responsables (PR) d’accidents mortels,

Ce tableau distingue entre :

  • les conducteurs de VT présumés responsables d’un accident mortel sans tiers,
  • les conducteurs de VT présumés responsables d’un accident mortel dans une collision avec un autre véhicule,
  • les conducteurs de VT non responsables d’un accident mortel dans une collision avec un autre véhicule.

Le tableau doit se lire de la façon suivante : prenons la classe d’âge des 75 ans et plus ; il y a, au sein de cette classe d’âge, 38% de conducteurs de VT qui sont présumés responsables d’un accident mortel sans tiers, 45 % d’une collision mortelle, et 17% qui ne sont pas responsables d’une collision mortelle (38%+45%+17% =100%).

On constate que la part des conducteurs de VT responsables d’accidents mortels au cours d’une collision contre un autre véhicule ne varie pas énormément d’une classe d’âge à l’autre. On peut dire, grosso modo, que la part de conducteurs PR de VT :

  • ne varie qu’entre 35% et 40%, pour toutes les classes d’âge inférieures à 75 ans,
  • augmente à 45% pour les 75 ans et plus,
  • est la plus faible (34%) pour les 50 à 64 ans,
  • garde une valeur à peu près constante de 40% pour les trois classes les plus jeunes de 18-24 ans, 25-34 ans et 35-49 ans.

Conclusion : au vu de ces résultats chiffrés, il n’y a pas de raison de stigmatiser les conducteurs séniors de VT.

Notons enfin que, pour ces conducteurs de VT, la part des accidents mortels sans tiers est toujours très élevée (entre 22% et 39%), quelles que soient les classes d’âge. Si le pourcentage des séniors reste inférieur à celui des 18-24 ans, il dépasse nettement celui des 25-64 ans, sans atteindre des proportions exceptionnelles.

III – Les présumés responsables vivants ou morts[2]

– Décompte par nombre

Le tableau ci-dessous, valable pour l’année 2023, concerne les conducteurs PR de VT et distingue entre ceux qui s’en sortent vivants et ceux qui décèdent.

Le tableau différencie entre les différentes classes d’âge et montre clairement que :

  • le nombre total de PR diminue avec la classe d’âge,
  • la contribution en nombre des tués de 18-24 ans est de loin la plus importante (202 tués), suivie de près par les 25-34 ans (156 tués).
  • le pourcentage des vivants est le plus élevé chez les plus jeunes : autour de 50% pour les trois classes de 18-24 ans, 25-34 ans et 35-44 ans. Ce pourcentage de vivants décroît ensuite jusqu’à 23% pour les plus vieux (avec une exception à 33% pour les 75-84 ans). Ces résultats traduisent l’idée classique qu’on résiste d’autant mieux aux traumatismes que l’on est plus jeune.

– Décompte par million d’habitants

Comme toujours dans les études d’accidentalité, il est important de tenir compte de la population concernée et du nombre de kilomètres parcourus ou du nombre d’heures passées en voiture. Les deux tableaux qui suivent prennent en compte ces facteurs.

Explication : il faut comprendre que pour les 18-24 ans, par million d’habitants de cette classe d’âge, il y a 37 conducteurs PR de VT qui sont tués dans un accident mortel, et 38 qui restent vivant. Autrement dit, il a pratiquement autant de vivants que de tués.

Ainsi, par million d’habitants, dans les accidents mortels, il y a à peu près autant de conducteurs PR de VT morts dans les deux classes d’âge extrêmes des 18-24 ans (37) et des 85 ans et plus (35). Mais, par contre, les nombres des vivants sont très différents : 38 et 10. Nous avons déjà expliqué cette différence par la très grande fragilité relative des séniors par rapport aux jeunes.

– Décompte par nombre d’heures de conduite

Le dernier tableau fait intervenir le nombre d’heures pendant lesquelles les conducteurs sont au volant.

Ainsi, les conducteurs PR de VT les plus jeunes et les plus vieux sont ceux qui meurent le plus : respectivement, 137 et 619 tués par milliard d’heures de conduite, soit presque 5 fois (4,5) plus pour les plus vieux.

Mais, curieusement, les plus vieux sont plus nombreux à rester vivants que les plus jeunes :185 contre 142 par milliard d’heures de conduite. L’explication se trouve dans le fait que les plus vieux, même s’il sont moins nombreux à rester vivants que les plus jeunes, passent beaucoup moins de temps au volant que les plus jeunes.

Entre les deux classes extrêmes, les deux derniers tableaux présentent à peu près le même comportement.

[1] ONISR Bilan Accidentalité 2023 p.124
[2] ONISR Bilan Accidentalité 2023 p.125

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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