Les séniors doivent-ils passer une visite médicale pour conduire ?

Question ô combien controversée, depuis des dizaines d’années, tant sur le plan politique que sociétal ou familial. Selon Caradisiac (22/04/2025) « C’est plus qu’un marronnier, c’est un débat en chêne massif qui ressurgit à chaque fois qu’une personne âgée est impliquée dans un accident grave au volant de sa voiture. Il n’en faut pas plus pour que l’opinion publique, et ses haut-parleurs que sont les réseaux sociaux, réclament un âge limite pour conduire pour les plus radicaux, ou un examen médical régulier pour les plus modérés. »

Il faut reconnaître que le vieillissement s’accompagne de changements, tels qu’un rétrécissement du champ visuel, une diminution de la sensibilité aux contrastes, un temps de focalisation plus long, des mouvements visuels plus lents et un temps de prise de décision plus long. Tout cela signifie que les personnes âgées sont plus à risque dans les situations de circulation complexes où des tâches multiples ou des décisions rapides sont requises. Il faut également tenir compte que le processus de vieillissement varie beaucoup d’un individu à un autre ; il peut débuter à différents âges et progresser à des rythmes différents.

Malgré tous ces effets du vieillissement, nous allons faire comprendre qu’une visite médicale systématique n’est pas justifiée pour tous les séniors. D’autant qu’elle serait très coûteuse pour la sécurité sociale et difficile à mettre en pratique efficacement, compte tenu des déserts médicaux que nous connaissons dans nombre de départements.

Remarque préliminaire

Nous n’abordons pas ici la question fondamentale du processus d’arrêt de la conduite chez les personnes âgées, avec le rôle des médecins et surtout de la famille proche dans la décision du sénior de ne plus conduire. Nous nous limitons à la question de l’efficacité d’instaurer un contrôle médical systématique pour les séniors.

 

Rappels sur la responsabilité des séniors dans les accidents mortels

Revenons sur quelques points importants évoqués dans d’autres questions concernant l’accidentalité des séniors.

– Les séniors dont le permis à vie est mis en cause ne sont que les conducteurs de véhicules de tourisme et les motocyclistes. En effet, les conducteurs de poids lourds ou de transport collectif sont, de leur côté, soumis à des contrôles médicaux systématiques. À l’évidence, piétons et cyclistes n’interviennent pas ici.

– En ce qui concerne les motocyclistes, nous avons vu, dans la question appropriée, que le nombre des motocyclistes séniors tués est très faible (30 sur 602 séniors tués, en 2023) et, surtout, la part de responsabilité présumée des plus de 75 ans dans une collision mortelle (13%) est, de très loin, la plus faible de toutes les classes d’âge.

– En conséquence, nous n’avons à prendre en compte que les séniors conducteurs de véhicules de tourisme (VT).

– Dans la question qui traite des conducteurs séniors de VT nous sommes arrivés à une conclusion très importante.

La part de conducteurs de VT présumés responsables d’accidents mortels (hors accidents sans tiers) :

  • ne varie qu’entre 34% et 41%, pour toutes les classes d’âge inférieures à 75 ans,
  • atteint 41% pour la classe des 25-34 ans
  • augmente à 45% pour les 75 ans et plus,

Il ressort clairement de ces pourcentages qu’il n’y a pas lieu de traiter les séniors de façon discriminatoire.

 

I – L’expertise du docteur Philippe Lauwick

Le docteur P. Lauwick est :

  • médecin agréé pour les visites « permis de conduire »,
  • président de l’Automobile Club Médical de France,
  • ex-président de la Commission Santé et Déplacement au Conseil National de Sécurité Routière (CNSR).

 

On trouvera dans l’entretien n°20 de la rubrique « Paroles d’experts » du site Internet de la Ligue toutes les idées exprimées par le docteur P. Lauwick sur les liens étroits entre la « sécurité routière et la santé publique ». Nous en extrayons ici ce qui concerne les séniors.

 

  1. Lauwick explique tout d’abord que[1]:

« On voit régulièrement fleurir des propositions de loi, des initiatives citoyennes disant « il faut faire la visite médicale pour tout le monde ». Jusqu’ici, la France a refusé ce principe de visite médicale ; ça avait été envisagé il y a quelques années. Et puis on s’est dit, finalement, si on doit le faire, on le fait pour tout le monde et on ne stigmatise pas une classe d’âge. Et les choses n’ont pas été retenues, et c’est fort heureux, pour un certain nombre de raisons. »

– Les séniors ne sont pas surreprésentés

  1. Lauwick invoque comme premier argument celui que nous venons de rappeler.

« Quand on voit l’accidentalité des séniors, on n’a pas d’argument fort pour dire qu’ils sont surreprésentés. On a quelques signaux faibles qui arrivent pour les sujets de plus de 75 ans, où on voit émerger effectivement un certain nombre d’accidents, mais ce n’est pas suffisant pour envisager une mesure qui soit stigmatisante, lourde, difficile à mettre en place. Donc, réaliser une visite médicale alors qu’il n’y a pas d’argument épidémiologique fort, c’est quelque chose que l’on peut déjà discuter. »

– Les séniors sont d’abord victimes

Il ajoute un deuxième élément : « Les séniors sont d’abord victimes des accidents dans lesquels ils sont impliqués. Quand on a 75 ans, la fragilité osseuse, la fragilité de nos tissus, fait que les conséquences du même accident ne sont pas du tout les mêmes que pour un sujet de 20 ou 30 ans, sportif, costaud. Donc ça, c’est la première chose qu’il faut retenir : les séniors sont d’abord victimes des accidents dans lesquels ils sont impliqués. »

– Pas de consensus

Il invoque un troisième argument. « Il n’y a pas de consensus pour dire à partir de quel moment, à partir de quel âge, sauf dans des situations extrêmement précises, il faut arrêter cette conduite. Les Belges, par exemple, laissent conduire dans des situations où nous aurions tendance à interdire, en faisant une surveillance extrêmement rapprochée. »

– Implication des professionnels de santé

Et il poursuit : « Donc il est fort heureux que cette visite médicale ne soit pas retenue. Faut-il dire pour autant qu’il ne faut rien faire ? Non, évidemment. Il faut impliquer l’ensemble des professionnels de santé au cours du parcours de soins. Ce n’est pas la visite systématique, ce n’est jamais un motif de consultation.

C’est exceptionnel que quelqu’un vienne nous voir en disant « est-ce que je peux encore conduire ? ». Mais il faut savoir aborder avec un patient, et là c’est le rôle de tous les professionnels de santé, pas uniquement des médecins agréés ou des médecins dits de permis de conduire. Chaque professionnel de santé doit aborder régulièrement avec les patients, quel que soit l’âge, les problèmes de déplacement et la capacité de déplacement, et savoir dire, quand on prend un certain nombre de médicaments : eh bien, peut-être qu’il faut différer ou il faut modifier. Mais il faut quand même aussi dire que les séniors, que l’on stigmatise souvent, sont pour la plupart des gens très raisonnables, qui adaptent de manière spontanée leurs habitudes de conduite. »

– Les séniors sont des conducteurs prudents

Il précise. « Ils ne font plus de grandes routes, sauf exception, ils évitent de conduire la nuit, ils roulent essentiellement aux heures creuses, ce qui explique que, finalement, le problème n’est pas si important que ça. »

Cette réflexion de P. Lauwick sur la prudence peut être complétée par d’autres constatations. Les séniors ont plus d’expérience (ce qui leur permet d’anticiper certaines situations périlleuses), prennent moins de risques et conduisent souvent avec moins de pression pour respecter les horaires. Ils parviennent souvent à compenser, dans une certaine mesure, leurs faibles capacités psychophysiques en évitant les situations de circulation complexes ou dangereuses (circulation dense, intersections compliquées, jours de pluie, conduite de nuit ou sous faible éclairage, etc.). Certains conducteurs âgés évitent également les routes à grande vitesse, bien que cela puisse avoir un effet secondaire négatif, en remplaçant les trajets sur les routes à voies séparées et les autoroutes – les itinéraires statistiquement les plus sûrs – par des trajets sur des routes secondaires moins sûres.

– Des propositions

  1. Lauwick : « Quelles sont les solutions qui pourraient être envisagées pour la conduite des séniors ? La visite médicale obligatoire ; nous l’avons vue, il n’y a pas de raison d’imposer cette visite. D’autant que, nous n’en avons pas parlé, mais certains pays étrangers ont instauré cette visite médicale obligatoire, soit pour les séniors, soit pour l’ensemble de la population, et nous n’avons vu aucun impact en matière de sécurité routière. Donc ça n’est pas une solution qui doit être retenue et privilégiée de manière systématique. 

 

L’arrêt de la conduite est exceptionnellement une urgence. Il faut pouvoir l’anticiper et trouver parfois des alternatives qui peuvent même être un réentraînement. Les situations délicates pour les séniors sont parfaitement connues. Ce sont par exemple : 

  • le tournage gauche, c’est le rond-point,
  • l’insertion sur une voie rapide.

Donc, il est nécessaire, dans des stages de remise à niveau, de faire ça. C’est quelque chose qui est proposé et qui est en cours d’évaluation, mais nous avons de fortes raisons de penser que ça peut être utile pour préserver cette capacité de conduire. 

 

Le permis de conduire peut aussi être aménagé pour les séniors[2] et c’est un peu dédramatiser cette visite quand le médecin conseille d’aller voir un confrère spécialisé dans l’aptitude à la conduite, de dire que ce ne sera pas forcément un couperet d’arrêt.

  • Une première solution consiste à donner un permis qui sera valide dans un certain périmètre autour de chez les séniors, 10 km, 20 km, 30 km, qui permettra de continuer à aller au club, d’aller chez le médecin, le coiffeur, voir la famille.
  • Une deuxième solution consiste à limiter la conduite à la journée et à ne strictement plus conduire de nuit. Ce qui permet d’éviter la plupart des conduites dangereuses et éprouvantes pour les personnes âgées.

Donc, ce sont des solutions qui méritent d’être connues et qui éloignent le spectre de l’interdiction d’un couperet brutal. »

Ces propositions de P. Lauwick peuvent être complétées par d’autres mesures qui sont en place en Espagne. La conduite de séniors peut être limitée à :

  • certains horaires,
  • certains types de routes,
  • l’usage de vitesses bien définies,
  • l’absence de passagers,
  • la conduite accompagnée par un autre titulaire de permis de conduire.

Pour les séniors qui ont arrêté de conduire, lorsque leurs déplacements sont rendus difficiles par l’absence de transport en commun, on peut imaginer que les transports scolaires leur soient rendus accessibles.

 

II – Le contrôle de la conduite des séniors dans les pays étrangers.

Nous revenons plus en détail sur la question évoquée par P. Lauwick du contrôle du permis de conduire à l’étranger ?

De nombreux pays industrialisés où la population vieillit rapidement ont mis en place des dispositifs spécifiques pour évaluer l’aptitude à conduire des séniors, souvent sous forme de visites médicales ou de tests cognitifs périodiques. Les modalités précises (âge de déclenchement, fréquence, contenu de l’examen) varient cependant largement d’un pays à l’autre.

Les pays européens

En tout, 14 pays européens imposent une visite médicale obligatoire pour les conducteurs séniors.

Espagne : avant 65 ans, un examen médical est requis tous les dix ans pour conserver le permis de conduire, puis cette fréquence est réduite à cinq ans après 65 ans, avec des contrôles plus approfondis portant sur la vision, l’audition et les réflexes. Dans certains cas, la fréquence des examens peut être encore augmentée tous les deux ou trois ans, en fonction de l’état de santé du conducteur.

Suisse : depuis les années 1970, un examen médical de contrôle d’aptitude à la conduite est obligatoire tous les deux ans à partir de 75 ans. Les médecins de famille doivent alors vérifier si les séniors convoqués remplissent les critères minimaux pour conduire une voiture.

Grèce et République tchèque : renouvellement du permis soumis à contrôle médical régulier après 65 ans.

Portugal : visite médicale obligatoire tous les dix ans à partir de 40 ans, puis tous les deux ans après 75 ans.

Italie : visite médicale requise tous les dix ans jusqu’à 50 ans, tous les cinq ans entre 50 et 70 ans, tous les trois ans entre 70 et 80 ans, puis tous les deux ans après 80 ans.

Pays-Bas : examen médical obligatoire tous les cinq ans à partir de 75 ans.

Danemark et Finlande : visite médicale obligatoire à partir de 70 ans, renouvellement à intervalles réguliers.

Slovaquie : visite médicale à l’obtention du permis, puis tous les cinq ans, et tous les deux ans après 65 ans.

Slovénie : visite médicale obligatoire à partir de 80 ans.

Croatie : renouvellement du permis tous les dix ans, avec contrôle médical.

Irlande : visite médicale obligatoire à partir de 70 ans.

Grande-Bretagne : le permis de conduire est valable 10 ans, et, passé 70 ans, son renouvellement est soumis à une visite médicale obligatoire qui vise à vérifier les capacités physique et cognitive.

Ailleurs dans le monde

Australie : la plupart des États et territoires australiens imposent une visite médicale régulière à partir d’un certain âge (généralement entre 70 et 75 ans). La fréquence et la nature de l’examen (médical, parfois accompagné d’un test de conduite) dépendent de chaque État.

Canada : certaines provinces comme l’Ontario, la Colombie-Britannique ou le Québec exigent un examen médical périodique pour les conducteurs à partir de 75 ou 80 ans. Cela peut inclure un test visuel, une évaluation cognitive et parfois un entretien avec un médecin.

États-Unis : les règles varient d’un État à l’autre. Plusieurs États, tels que la Floride, la Californie ou le Texas, imposent des contrôles médicaux, des tests de la vue, avec des renouvellements de permis plus fréquents à partir de 70 ou 75 ans.

Japon : depuis 2017, le Japon impose un examen médical et cognitif obligatoire tous les trois ans à partir de 75 ans.

Nouvelle-Zélande : une visite médicale est obligatoire tous les deux ans à partir de 75 ans.

III – L’efficacité des mesures de contrôle de l’aptitude à conduire dans les pays étrangers

Sauf pour une exception, il est impossible de trouver, pour les pays dans lesquels un contrôle existe, des études récentes, issues d’organismes reconnus, fiables et faisant état de l’impact sur la mortalité routière des mesures de contrôle du permis de conduire des séniors.

Un pays d’exception : la Suisse

Nous présentons ici les principales conclusions qui se trouvent dans la référence suivante[3]datant de 2022 :

Bureau de Prévention des Accidents (BPA)[4]

Examens médicaux de la circulation en fonction de l’âge

Karin Huwiler, Andrea Uhr, Patrizia Hertach

et son complément5] :

Examens médicaux de la circulation en fonction de l’âge

Voici les conclusions (page 22).

« Depuis les années 1970, les conducteurs âgés en Suisse sont tenus de faire évaluer régulièrement leur aptitude à la conduite. Des examens médicaux ont été instaurés à cette fin. L’objectif du projet décrit dans ce rapport était d’évaluer pour la première fois en Suisse, de manière exhaustive, les effets de ces examens basés sur l’âge et d’identifier les possibilités d’optimisation. À cette fin, des enquêtes ont été menées auprès des autorités routières, des médecins et des conducteurs âgés, actuels et anciens. De plus, le taux d’accidents (accidents graves) impliquant des usagers de la route âgés en Suisse a été comparé à celui de l’Allemagne et de l’Autriche, pays dans lesquels aucun contrôle de ce type n’existe.

La comparaison de la Suisse avec l’Allemagne et l’Autriche mène à la conclusion que les examens de l’aptitude à la conduite des personnes âgées ne constituent pas un instrument efficace pour faire baisser de manière significative les accidents graves de la route provoqués par ces dernières.

Des études menées dans d’autres pays sur les effets du dépistage de l’inaptitude à la conduite chez les personnes âgées n’ont pas non plus mis en évidence d’utilité de ces pratiques. Plusieurs experts et organisations sont ainsi parvenus à la conclusion que ces procédures n’ont pas d’effet positif sur la sécurité routière.

Différentes hypothèses sont émises dans la littérature scientifique quant à l’origine de cette inefficacité. Voici quelques-unes des causes envisagées.

  • les accidents sont rares et résultent le plus souvent d’une combinaison de facteurs,
  • le risque qu’une personne provoque un accident ne peut être évalué précisément,
  • les instruments et tests utilisés pour évaluer l’aptitude à la conduite ne sont pas les mieux adaptés à cet effet,
  • beaucoup de conducteurs âgés compensent leurs difficultés, par exemple en roulant moins vite ou en évitant les situations qui les stressent.
  • D’autres pays

Sur les pays autres que la Suisse, il existe bien une évaluation relativement ancienne qui date de 1997[6] : c’est une méta-analyse portant sur 16 publications consacrées à 11 pays, comparant des populations soumises à des contrôles médicaux réguliers à des populations sans ces contrôles. Sa conclusion est d’ailleurs identique à celle de l’étude suisse : « les contrôles médicaux systématiques des conducteurs n’avaient pas d’impact démontré sur la sécurité routière, c’est-à-dire ni sur la réduction des accidents ni sur la mortalité routière ».

Quelques opinions

En se contentant de ce que l’on peut glaner dans la presse des pays étrangers, nous trouvons les formulations suivantes qui, cependant, ne reposent sur aucune étude scientifique.

Bien que l’Espagne ait renforcé ses contrôles médicaux pour les conducteurs séniors afin de réduire la mortalité routière, les sources disponibles ne fournissent pas de données chiffrées ou d’études précises démontrant une baisse directe de la mortalité routière attribuable spécifiquement à l’instauration de ces visites médicales obligatoires. Les articles insistent sur le fait que ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale de sécurité routière visant à réduire le nombre de morts sur les routes, mais ils ne citent pas d’évolution mesurable ou de statistiques avant/après la mise en place de cette obligation.

La Grande-Bretagne est aujourd’hui l’un des pays les plus sûrs d’Europe en termes de sécurité routière, avec environ 28 morts par million d’habitants, juste derrière la Suède. Les contrôles médicaux obligatoires pour les conducteurs séniors font partie d’un ensemble de mesures ayant contribué à la baisse globale de la mortalité routière entre 2001 et 2017, mais aucune étude spécifique ne permet d’isoler leur impact direct sur l’évolution des taux de mortalité chez les séniors.

Le Portugal et l’Italie[7], malgré des mesures strictes, affichent des taux de mortalité routière respectifs de 60 et de 54 décès par million d’habitants, supérieurs à la moyenne européenne (46) et à des pays comme la France (50) ou l’Allemagne (33), qui n’imposent pas de visites médicales systématiques.

Les chiffres suggèrent donc qu’il n’existe pas de corrélation évidente entre la fréquence des visites médicales et une réduction de la mortalité routière dans ce pays. D’autres facteurs (infrastructures, comportements, politiques de sécurité routière globales) semblent avoir un impact plus déterminant sur les statistiques de mortalité routière que la seule obligation de visite médicale pour les séniors.

Aux Pays-Bas et au Danemark, les taux de mortalité routière dans ces pays sont généralement bas par rapport à la moyenne européenne, mais cela résulte d’un ensemble de politiques de sécurité routière, d’infrastructures et de comportements, et non uniquement de la visite médicale obligatoire pour les séniors.

Il n’existe pas de preuve documentée prouvant que la visite médicale obligatoire pour les conducteurs séniors a, à elle seule, modifié la mortalité routière.

Aux États-Unis, l’instauration de visites médicales obligatoires pour les conducteurs séniors est limitée à certains États et prend souvent la forme d’un simple examen visuel à partir d’un certain âge. Les données disponibles ne permettent pas de conclure à une modification significative de la mortalité routière liée à ces mesures. Les séniors restent plus vulnérables en cas d’accident, mais ne sont pas statistiquement plus responsables d’accidents graves. Aucun consensus scientifique n’émerge sur l’efficacité de la visite médicale obligatoire pour réduire la mortalité routière chez les conducteurs âgés.

En Australie, comme en Nouvelle-Zélande, l’instauration de visites médicales obligatoires pour les conducteurs âgés n’a pas démontré d’effet significatif sur la baisse de la mortalité routière des séniors. Les experts soulignent que ces contrôles peuvent aider à identifier certains risques individuels, mais ils n’ont pas suffi, à l’échelle de la population, à améliorer les statistiques de mortalité routière pour cette tranche d’âge.

[1] Tout ce qui est écrit ci-dessous en italique et entre guillemets est la reproduction des propos de P. Lauwick.
[2] Cette possibilité existe en Espagne.
[3]Altersbasierte verkehrsmedizi-nische Kontrolluntersuchungen
https://www.bfu.ch/api/publications/bfu_2.468.01
[4] Le BPA est une fondation privée avec un mandat légal public, travaillant en partenariat avec des organismes gouvernementaux et assurant un rôle central dans la prévention des accidents en Suisse. C’est une institution indépendante à vocation publique.
[5] https://www.bfu.ch/api/publications/bfu_2.490.01
[6] Systematic medical screening of drivers for preventing injury or death in road traffic crashes
Robert S. B. Ward et al. Cochrane Database Syst Rev. 1997; Issue 3. Art. n° : CD001842
[7] https://www.linfodurable.fr/sante/visites-medicales-pour-le-permis-la-france-la-traine-en-europe-44064

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
Haut de page