Quelles sont les six composantes des coûts de l’accidentalité routière ?

Nous nous inspirons ici, comme souvent dans d’autres questions, de deux références :

  • la thèse de Maxime Large[1] consacrée au développement de la méthode VALOR et soutenue à l’Université Gustave Eiffel en janvier 2022 ; son directeur de thèse, Laurent Carnis, est un spécialiste reconnu des coûts de l’accidentalité routière ;
  • le document belge, Institut VIAS, (2021) Briefing, « Les coûts sociaux de l’accidentalité routière »[2].

– Les composantes principales

Il est recommandé de distinguer dans l’évaluation du coût d’un tué, d’un blessé de chaque gravité lors d’un accident de la route six composantes principales :

  • les coûts humains,
  • les frais médicaux,
  • la perte de production,
  • les coûts des dégâts aux biens,
  • les frais administratifs,
  • les autres coûts.

Le schéma ci-dessous précise comment on peut répartir les coûts entre ceux afférant à la victime et ceux concernant l’accident.

Classification des coûts des accidents de la route.

1°/ Coûts humains (préjudice immatériel et social)

Les coûts humains traduisent la souffrance ressentie par les victimes d’accidents de la route ainsi que par leur entourage. On peut les séparer entre :

  • les années perdues dues à un décès prématuré,
  • la perte de qualité de vie résultant de lésions graves ou légères,
  • le chagrin ressenti par la famille et les amis de la victime[3].

Comme les coûts humains sont des coûts immatériels qui n’ont pas de prix de marché, ils sont nettement plus subtils et difficiles à quantifier que les autres.

Tous ces items sont non marchands et, dans les questions sur le coût d’un tué ou d’un blessé, nous aborderons la technique du consentement à payer qui, dans la méthode VALOR, permet de leur attribuer une valeur.

2°/ Frais médicaux directs

Les frais médicaux englobent l’ensemble des dépenses de santé imputables à la morbidité et à la mortalité routière. On distingue les :

  • coûts des premiers secours sur les lieux de l’accident et le transport à l’hôpital des accidentés non décédés sur place,
  • coûts des soins d’urgence (chirurgie, réanimation, traitements intensifs, etc.),
  • coûts des soins prodigués tant dans les hôpitaux que dans les établissements autres,
  • coûts des traitements de suite : rééducation, appareillages (prothèses, béquilles, fauteuils roulants, etc.), réadaptation fonctionnelle, médicaments, etc.

3°/ Perte de production

Les coûts découlant de l’incapacité à travailler, temporaire ou définitive selon la gravité des blessures, d’une victime d’un accident de la circulation. Il s’agit du capital humain qui est perdu par l’employeur et le marché du travail, à savoir :

  • la valeur des biens et services (salaire, cotisations sociales, impôts, etc.) qu’une victime aurait pu produire si l’accident de la route n’avait pas eu lieu ;
  • la perte de production dans les activités non prises en compte dans l’économie, c’est à dire le travail non rémunéré que la victime aurait pu effectuer, comme les tâches ménagères, la garde des enfants et le travail bénévole ;
  • des coûts associés au recrutement et à la formation d’un nouvel employé (par une collectivité, une entreprise ou une institution) remplaçant l’accidenté ;
  • les coûts associés à la recherche par la victime d’un nouvel emploi ou au suivi d’une formation professionnelle.

4°/ Coûts des dégâts aux biens

Il s’agit des coûts des dommages aux véhicules, aux infrastructures publiques, au mobilier routier, aux bâtiments, à la perte des marchandises transportées, aux biens personnels.

5°/ Coûts administratifs et sociaux

Ils regroupent :

  • le temps passé par les forces de l’ordre à s’occuper des accidentés et relater les circonstances de l’accident dans des rapports,
  • le temps dépensé par les services d’urgence (pompier, Samu, etc.),
  • le travail des compagnies d’assurance automobile et de santé,
  • le coût pour poursuivre, traduire devant la justice et détenir les coupables à l’origine de l’accident (coûts du procès-verbal et coûts du procès, coûts des expertises, coûts d’emprisonnement, etc.),

Remarque : bizarrement, les indemnités ou aides versées aux familles sont calculés dans le cadre des dommages aux biens.

6°/ Autres coûts

Ce sont les coûts qui ne sont pas classés dans les cinq que nous venons de lister et tous ne sont surement pas répertoriés. Ainsi, on distingue entre :

les coûts directement liés aux victimes, tels

  • les coûts funéraires (pompes funèbres, cérémonies, transport du corps, etc.),
  • les coûts des visites à l’hôpital de la famille et des amis de la victime,
  • les frais de déménagement et d’aménagement des victimes handicapées lorsque leur domicile cesse d’être adapté ;

les coûts liés à l’accident, tels

  • des coûts créés par les retards liés à l’accident qui entraînent une perte de temps, des temps de trajet incertains, des modifications des trajets des transports publics,
  • des coûts de carburant supplémentaires,
  • des coûts liés à l’empêchement pour la victime de disposer de son véhicule et à son obligation de le remplacer ou d’en louer un autre.
[1] « Valorisation socio-économique du coût des accidents de la route en France : estimation des coûts humains et des coûts médicaux des blessés et des tués de la route : nouvelles valeurs de référence ».
https://theses.hal.science/tel-03690637
[2] Les coûts sociaux de l’insécurité routière
https://www.vias.be/publications/Briefing%20-%20De%20maatschappelijke%20kosten%20van%20verkeersonveiligheid%202021/Briefing%20-%20Les%20co%C3%BBts%20sociaux%20de%20l’ins%C3%A9curit%C3%A9%20routi%C3%A8re%202021.pdf
[3] Il faudrait ajouter la charge mentale qu’un blessé grave de longue durée ou à vie impose à son entourage qui devrait être considéré comme covictime.

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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