Quelle est la méthode de calcul des coûts humains ?

Coûts humains : méthode du consentement à payer

Les coûts humains, rappelons-le, se composent, pour un tué, de la perte d’années de vie due au décès prématuré, au chagrin des proches de la victime. Pour un blessé, interviennent la douleur, le chagrin et la perte de qualité de vie due aux blessures. Ces coûts sont les plus complexes à déterminer du fait de leur nature immatérielle : à l’évidence, aucun prix ne peut être relié directement à la souffrance, la douleur ou le chagrin.

Tué et blessé grave

Cependant, internationalement, les spécialistes des coûts humains recommandent actuellement d’utiliser une « méthode de consentement à payer » pour estimer ces coûts via la notion de valeur d’une vie statistique (VVS)[1] en cas de décès ou de valeur d’un blessé grave (VBG) en cas de blessures graves.

Il existe plusieurs approches du consentement à payer qui sont utilisés en Europe et aux États-Unis. Toutes sont complexes à mettre en œuvre. Nous renvoyons à la thèse de Maxime Large (voir réf.3) pour un exposé complet (dont la compréhension reste difficile au non spécialiste). Ce dernier, en accord avec des chercheurs de trois autres pays (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) a mis en œuvre le consentement à payer dans sa variante dite des préférences déclarées.

Dans cette variante, des individus communiquent le montant qu’ils seraient prêts à débourser pour réduire le risque d’être impliqués dans un accident de la route mortel ou comportant des dommages corporels. Les résultats d’une telle étude du consentement à payer sont utilisés pour calculer la VVS ou la VBG, qui sont donc des valeurs subjectives qu’accordent les individus testés à la protection d’une vie humaine.

Dans chacun des quatre pays participant à cette étude des groupes de 2000 individus ont été constitués. En France, Maxime Large[2]a réuni pour son étude 2000 français représentatifs de la population nationale en termes d’âge, de genre, et de répartition géographique, qui ont été confrontés individuellement à plusieurs scénarios d’accidents de la route. Cette méthode, dont la description occupe les 70 pages du chapitre 2 de la thèse de M. Large, a fourni 14.000 réponses à des questions sur les sommes d’argent que chacun de ces 2000 français était prêt à payer pour éviter d’être tué ou blessé gravement. Ces réponses sont traitées par des méthodes statistiques appropriées d’analyse des données et permettent d’en déduire au final la valeur du coût humain d’un tué (VVS) ou de celle d’un blessé grave (VBG).

Blessé hospitalisé non grave et blessé léger

Pour les blessés hospitalisés non grave et les blessés légers, la France a fait choix de suivre les recommandations du projet européen HEATCO[3] suggérant de prendre un pourcentage de la VVS lorsqu’un calcul direct ne peut être effectué.

La France a fait le choix de prendre comme valeur[4] pour le blessé hospitalisé de plus de 24 h 12,5 % de la valeur statistique de la vie humaine (VVS) » et 0,5 % pour le blessé léger.

[1] Voir la question « Pourquoi tenter d’évaluer le coût de l’accidentalité routière ? » sur l’aspect éthique de la VVS.
[2] Voir la note 1 de la question « Quelles sont les six composantes des coûts de l’accidentalité routière ? »
[3] Developing Harmonised European Approaches for Transport Costing and Project Assessment (HEATCO) Proposal for Harmonised Guidelines. Page 87
https://swov.nl/sites/default/files/bestanden/downloads/HEATCO_Deliverable_5_0.pdf
[4] Voir ONISR, Bilan de l’accidentalité 2023, page 19.

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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