Quelle problématique accompagne l’intégration des cyclistes en ville ?
Les informations qui suivent sont extraites de deux sources :
- un rapport récent, daté d’avril 2025, d’Emmanuel Barbe, ancien délégué interministériel à la sécurité routière, “Prévenir les violences et apaiser les tensions pour mieux partager la voie publique »[1] ;
- un article du journal Le Monde, daté du 9 juin 2025, intitulé « Bataille politique autour du vélo » et signé de Philippe Bernard.
La lecture du rapport de 117 pages d’Emmanuel Barbe est fortement conseillée, faute de pouvoir le résumer sans perte d’informations importantes.
Transformation du paysage urbain : Le cycliste, comme le piéton, est un usager des rues très vulnérable face à la voiture. Autrefois marginalisé, il occupe désormais une place centrale dans les villes françaises, notamment à Paris. Cette montée en puissance non seulement des vélos, mais aussi des nouveaux usagers (trottinettes, monoroues, etc.), a bouleversé les rapports de force entre usagers de la route.
Nouveaux conflits et tensions : L’essor du vélo n’a pas pacifié les rues, bien au contraire. Les pistes cyclables et parfois les trottoirs sont devenus des espaces de chaos, générant des tensions entre les différentes sortes de cyclistes, les piétons et parfois les automobilistes. Même les cyclistes se plaignent du comportement de certains de leurs pairs.
Évolution de l’image du cycliste : Le vélo, autrefois symbole d’autonomie, de liberté, de convivialité et d’altruisme, est aujourd’hui perçu comme un vecteur d’agressivité et d’individualisme. Le « cycliste sympa » des années 1970 a laissé place à une figure plus égoïste, rappelant les critiques autrefois adressées aux automobilistes.
Conflits d’usage et violence : Les comportements irresponsables de certains cyclistes ne sont qu’une facette d’un phénomène plus large de tensions entre tous les usagers de la voie publique. Cette situation reflète l’augmentation générale de la violence, de l’individualisme et du manque de communication dans la société.
Incompréhension mutuelle entre usagers : chaque catégorie ignore souvent les règles, usages et spécificités des autres. Cette incompréhension est accentuée par l’évolution constante du Code de la route et la création de règles spécifiques pour certains modes (sas vélo, double sens cyclable, etc.).
Risque et sécurité : Malgré leur image écologique, les cyclistes restent vulnérables : à temps de déplacement égal, ils sont trois fois plus exposés au risque mortel qu’un piéton, et quatre fois plus qu’un automobiliste. La sécurité des cyclistes est donc un enjeu majeur.
Dimension politique et sociale : La montée des conflits autour du vélo révèle des clivages sociaux et géographiques, ainsi que des tensions liées aux politiques de lutte contre le changement climatique.
Sentiment d’injustice et de répression inégale : chaque groupe d’usagers estime être plus sanctionné que les autres, alors que les infractions sont commises par tous, mais différemment visibles ou sanctionnables selon les modes de déplacement.
Nécessité d’apaisement et de pédagogie : pour apaiser les tensions, il faut améliorer la compréhension mutuelle entre usagers, adapter les règles (immatriculer les vélos professionnels, par exemple) et la formation. En particulier, enseigner très tôt aux enfants le partage de la route, et intégrer le « savoir rouler à vélo » dans le système éducatif ; sans oublier la formation des adultes, via le Compte Personnel de Formation.
Le vélo devrait incarner une autre façon de vivre ensemble, ce qui nécessite un effort collectif d’adaptation et de respect mutuel.