Que sait-on sur l’accidentalité piétons-cyclistes ?
Pour les années récentes, les données concernant les piétons tués lors de collisions avec des cyclistes sont facilement accessibles ; par contre, pour les blessés, la pêche aux données est largement infructueuse.
1°/ Les nombres de piétons tués lors de collision avec un cycliste
Les données officielles de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, durant la décennie 2015-2024, montrent que le nombre de piétons tués lors d’une collision avec un cycliste reste chaque année extrêmement faible.
Au cours des années 2014-2023, ce nombre est compris entre 0 et 5, comme le montre le tableau suivant :
Ces nombres de piétons tués dans une collision avec un cycliste sont donc particulièrement faibles comparés aux nombres de l’ensemble de piétons tués, tous types d’accidents confondus, qui sont, en chiffre rond, compris entre 400 et 550 au cours de ces années. De fait, l’écrasante majorité des piétons décèdent dans des collisions avec des véhicules motorisés.
2°/ les nombres de piétons blessés lors de collision avec un cycliste
Les données sur les blessés par collision avec un cycliste sont difficiles à obtenir et la distinction entre blessés graves et blessés légers n’est pas toujours respectée. Les blessés graves les plus nombreux le sont par traumatisme crânien ou atteinte à la colonne vertébrale.
Pour fixer les idées, le tableau ci-dessous montre un ordre de grandeur du nombre de blessés par collision piéton-cycliste lors des cinq années récentes 2016 à 2020 :
Comme pour les piétons tués, ces nombres de blessés lors de collision avec un cycliste sont très faibles comparés aux nombres de l’ensemble de piétons blessés, tous types d’accidents confondus, qui avoisinent annuellement la dizaine de milliers.
3°/ Les lieux des accidents
C’est essentiellement en zones urbaines que les accidents entre piétons et cyclistes se produisent, car c’est là que les concentrations de piétons et de cyclistes sont les plus fortes.
Les endroits névralgiques se situent essentiellement :
- à la traversée de chaussée, que ce soit ou non sur un passage piéton,
- à l’intersection ou à un carrefour complexe, à proximité de passage piéton ou d’arrêt de bus,
- sur ou à proximité immédiate des aménagements cyclables, dans des zones mixtes de rencontre ou de voies partagées mal identifiées ou peu séparées.
Hors agglomération, les collisions des cyclistes avec les piétons sont très rares, mais extrêmement graves, voire mortelles, souvent en traversée de grandes routes, la nuit, avec une vitesse élevée des cyclistes.
4°/ Les principales causes
Complétons ici ce que nous avons expliqué à la question sur les facteurs d’accidents chez les cyclistes.
– L’inattention et la distraction :
- pour les cyclistes, il faut mettre en cause l’usage, en roulant, du téléphone et d’écouteurs ainsi que la focalisation sur la circulation routière plutôt que sur les piétons ;
- pour les piétons, c’est encore l’usage du téléphone et d’écouteurs, ainsi que des traversées imprudentes hors des passages dédiés.
Le tableau ci-dessous donne les relevés, au cours de l’année 2023[1], des taux d’utilisation du téléphone et d’écouteurs par des piétons, selon leur classe d’âge, lors de la traversée d’une rue en agglomération :
On constate que les piétons les plus nombreux qui utilisent ce type de distracteurs appartiennent aux classes d’âge les plus jeunes : 41% pour les 12-18 ans et 35% pour les 19-35 ans. Ces pourcentages sont considérables et expliquent en partie l’origine des collisions des piétons avec surtout les véhicules à moteur, mais aussi les cyclistes.
– Le non-respect des règles de circulation :
- pour les cyclistes, la priorité des piétons et les feux rouges ne sont pas respectés ;
- pour les piétons, beaucoup traversent quand le feu est rouge, de manière précipitée et hors des passages dédiés.
– Le manque de visibilité :
- due à du mobilier urbain,
- des véhicules en position de stationnement inadaptée,
- une météo défavorable.
– Les facteurs humains :
- l’âge avancé des piétons, l’inexpérience tant des enfants que des personnes âgées, la perte de réflexe, l’estimation erronée des vitesses des cyclistes et des distances ;
- la consommation d’alcool ou de stupéfiants, aussi bien pour les piétons que pour les cyclistes, reste marginale, mais augmente la gravité de l’accident.